La cèrca de Pendariès
La quête de Pendariès
Roman
Version française, traduction de l'auteur.
2000, éditions du Trabucaïre
Disponible
La quête de Pendariès appartient à cette période, dans la dernière partie de son existence, pendant laquelle Max Rouquette a été tenté sinon par le roman, dans l’acception la plus classique du terme, en tout cas par le récit de longue haleine. Pendariès est un médecin montpelliérain du « beau XVIe siècle », selon la formule de Claude-Gilbert Dubois. Formule ambiguë, comme l’est le titre que Rouquette avait adopté pour les volumes réunissant ses proses, Vert Paradis. Et c’est cette ambiguïté que l’on retrouve ici, au centre du récit : tout à sa vocation de médecin, parti en quête des mystères du corps humain et de l’existence, passionné jusqu’au tréfonds de lui-même par la faim de connaissance qui l’anime et, parfois aussi le ronge, Pendariès fait l’épreuve des douleurs et des affres d’une époque aussi difficile que flamboyante. Les guerres, les famines, les maladies (la peste surtout, qui fait des ravages) constituent le cortège quotidien de sa quête exaltante du savoir et de l’amour. Un amour qui n’y survivra pas, et dont la perte contribue fortement à la mélancolie – autre grand thème d’époque – qui s’empare du narrateur.
Le livre se présente comme un journal, fait de retours en arrière, parfois de répétitions ; il est rythmé par les moments de méditation qui viennent interrompre la chronique des jours et des nuits, le déroulement des saisons. De la mêlée incertaine d’un monde à la fois conquérant et mortifère à l’immense solitude qui l’envahit peu à peu, le récit de Pendariès, double à peine transposé de l’auteur, raconte les degrés et les péripéties, à la manière d’une initiation progressive et inéluctable. Jamais, peut-être, comme dans ce livre, les capacités d’envoûtement de la prose de Rouquette n’ont contribué aussi puissamment à nous faire pénétrer dans les zones les plus obscures de l’existence humaine, accordée aux soubresauts du monde. La quête de Pendariès est en quelque sorte L’œuvre au noir de Rouquette, une tentative, tardive, et conduite par une absolue nécessité, de faire corps avec les grands battements du temps et d’en capter les musiques et les sens.
(Ph.Gardy)
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